Revaloriser le groupe : Une nécessité culturelle à l'ère de l'Individualisme

À l'ère de l'individualisme exacerbé et de la quête de visibilité instantanée, retrouver la puissance du collectif, nourrie par la fraternité et la créativité partagée, est essentiel pour redonner à la culture sa profondeur et son humanité.

À l’heure où l’individualisme domine nos sociétés, la manière dont nous créons et consommons la culture a profondément changé. Les réseaux sociaux, YouTube, TikTok et cette quête incessante de visibilité personnelle ont transformé la musique et l’art en des produits instantanés, centrés sur l’individu. Ce phénomène reflète une époque marquée par l’immédiateté et l’efficacité, souvent au détriment de la profondeur, de la camaraderie et de la fraternité qui devraient accompagner la création artistique. Pourtant, cette évolution, bien qu’inévitable dans un monde hyper-connecté, ne montre qu’une partie de la réalité.

Prenons l’exemple des émissions telles que The Voice, où l’accent est mis sur la performance d’un artiste individuel, célébrant son talent vocal et scénique. Mais la musique, par essence, est une œuvre collective. Dans un groupe, chaque membre joue un rôle crucial, et c’est précisément cette interaction fraternelle, ce partage d’idées et d’émotions, qui permet de créer quelque chose de plus grand que la somme des talents individuels. La dynamique humaine et créative qui se développe dans un collectif est un pilier fondamental de la musique, souvent éclipsé par cette tendance à l’hyper-individualisation.

Les réseaux sociaux renforcent cette logique. Le format des vidéos courtes et virales encourage la glorification d’une seule personne, à travers des performances isolées ou des extraits musicaux. Pourtant, comme le souligne le sociologue Richard Sennett dans The Craftsman, « La qualité de l'œuvre est souvent renforcée par la collaboration et l'effort commun. » Les plus grandes œuvres artistiques – qu’il s’agisse de musique, de cinéma ou d’art visuel – sont nées d’échanges entre individus partageant un même esprit de camaraderie, nourris par l’amitié et le dialogue.

Cependant, cette tendance individualiste n’est pas une fatalité. Des solutions existent et montrent que le collectif peut retrouver sa juste place. Pourquoi ne pas imaginer une émission comme The Band, qui mettrait à l’honneur un groupe entier plutôt qu’un seul individu ? Un tel programme valoriserait les relations humaines, la fraternité entre musiciens et la synergie culturelle qui émerge de ces échanges. Cela offrirait une visibilité méritée aux groupes, qui, par leur camaraderie et leur créativité partagée, produisent une musique plus authentique et plus durable.

Au-delà des médias, d’autres initiatives peuvent contrer cette hyper-individualisation. Les festivals, les résidences artistiques et les projets collaboratifs transdisciplinaires démontrent que la création collective est non seulement vivante, mais aussi essentielle. Dans ces environnements, l’art fleurit grâce à l’amitié et au partage, renforçant un sentiment d’appartenance à une communauté. Ce retour à une dynamique fraternelle et collaborative est une tendance qui, à long terme, peut véritablement s’imposer.

L’individualisme, poussé à l’extrême, est voué à l’échec. Il ne peut, à terme, que limiter la profondeur et la diversité des œuvres créatives. En revanche, le collectif – fort de sa capacité à unir des talents variés, à encourager le dialogue et à renforcer les liens de camaraderie – offre un avenir culturel plus riche et plus prometteur. En réhabilitant l’importance du groupe et en valorisant la fraternité, l’entraide et le partage d’expériences, nous avons la possibilité de renouveler et de préserver la culture dans toute sa diversité, pour aujourd’hui et pour demain.

Auteur - Simon Linsolas